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09 mai 2025

Davide Buscemi - dbuscemi@medialo.ca

Un trou fiscal nous prive de 0,6 à 0,8 G$ annuels

Les préfets de nos 5 MRC.

©Gracieuseté Conférence des préfets de l’Abitibi-Témiscamingue. 

Les préfets de nos 5 MRC. Jaclin Bégin au centre.

La Conférence des préfets de l’Abitibi-Témiscamingue a lancé, le 9 mai, un appel pressant à Québec après la publication d’une étude révélant un déficit fiscal annuel pouvant atteindre 822 M$, dans la fourchette haute. Le préfet de la MRC d’Abitibi-Ouest, Jaclin Bégin, s’est exprimé sur le sujet.

Une contribution élevée, une redistribution inéquitable
Réalisée par Aviseo Conseil, l’étude dresse un constat préoccupant : chaque année, l’Abitibi-Témiscamingue verse considérablement plus au Trésor public québécois qu’elle ne reçoit en retour. Selon les méthodologies retenues, ce déficit fiscal s’élève entre 666 et 822 M$ par an. Si rien ne change, il pourrait cumuler jusqu’à 6,7 G$ sur dix ans.

« Ça fait longtemps qu'on a noté un sous-investissement dans nos infrastructures publiques de la part du gouvernement. On le mentionnait, mais on n’a jamais été écoutés. On a donc décidé d’écrire au premier ministre François Legault à l’automne dernier. C’est resté sans réponse, excepté un accusé de réception », a déclaré le président de la Conférence des préfets de l’Abitibi-Témiscamingue et préfet de la MRC d’Abitibi-Ouest, Jaclin Bégin. 

La riposte a été cette étude qui a démarré en janvier dernier. « On a mandaté cette firme très reconnue afin de connaître vraiment l'état de la contribution de l’Abitibi-Témiscamingue à la prospérité du Québec. Les conclusions sont… concluantes », remarque-t-il.

Le préfet estime que ce sous-investissement traîne depuis 20 ans, mais qu’il a fallu cette étude pour avoir de vrais chiffres récents. Désormais, une certaine urgence s’impose. « On sait que si on ne fait rien d'ici 10 ans, ça pourrait atteindre 6,7 G$. On ne peut pas se permettre [de telles pertes] si on veut continuer à être attractifs. » 

« Pas de fly-in/fly-out »
Ce financement manquant pourrait aboutir à « des mesures particulières pour nos travailleurs qui s'en viennent ici. On ne veut pas de fly-in/fly-out. On veut que les gens restent ici ». 

Cela pourrait également servir à construire de nouveaux logements avec quelques ajustements toutefois. « Il faut que le gouvernement s’adapte aux régions. Souvent, dans les programmes que le gouvernement met en place, on n’y a pas accès. On nous dit qu’on n’a pas une densité de population assez élevée. Il y a toujours des freins. On veut des mesures correspondant à notre réalité. On veut l’équité, pas la charité. » 

Plus généralement, ces sommes astronomiques seraient suffisantes pour résoudre un grand nombre des problèmes auxquels notre région est confrontée. Ce que confirme le préfet.

Il évoque les prochaines élections provinciales et considère que ce déficit fiscal sera un sujet à aborder. 

Le ministre Boulet invité mais absent
Le ministre Jean Boulet n’était pas présent à leur rassemblement du 9 mai. « Nous l’avons invité, mais il a sûrement un horaire très chargé… Quand on le rencontrera, on lui transmettra une copie de notre étude, car on s’attend à ce que tous les ministères réagissent à notre étude. Il faut que des mesures concrètes soient prises. » 

En février 2025, le maire de Malartic, Martin Ferron, réclamait une « révision du partage des redevances minières ». L’édile demandait à ce que « la richesse générée par l'activité minière se traduise par des investissements concrets ». 

Le président de la Conférence des préfets de l’Abitibi-Témiscamingue indique que le sujet des redevances rentre dans les estimations des 600 à 800 M$ annuels qui viennent à manquer. Il poursuit par ce chiffre : « 80 % des investissements en Abitibi-Témiscamingue proviennent du privé. Seulement 20 % du public. On affiche le plus haut taux au Québec. Si le privé a confiance, [le gouvernement devrait en faire de même] ».

Selon M. Bégin, un investissement public oscillant entre 30 et 40 % pourrait correspondre à la normale.

Un manque d’appui qui nuit au développement
Bien que dotée d’un tissu économique productif, la région évolue dans un cadre financier défavorable. Le produit intérieur brut par emploi y atteint 143 615 $, soit un rendement 25 % supérieur à la moyenne québécoise. Les entreprises locales génèrent 1,715 G$ en revenus fiscaux pour le gouvernement, tout en produisant des retombées économiques dépassant les 10 G$.

Malgré cette performance, 80 % des investissements en immobilisation proviennent du secteur privé. L’appui gouvernemental reste largement insuffisant, alors que les besoins en infrastructures publiques sont jugés criants. Cette situation compromet les capacités d’attraction, de rétention et de croissance, dans un contexte où la région pourrait perdre 3,3 % de sa population d’ici 2050, à rebours d’une tendance nationale à la hausse.

« Chez nous, à Amos, l’hôpital attend toujours son agrandissement. Nos routes se dégradent. Les besoins sont connus, identifiés, mais rien ne bouge. » — Le préfet de la MRC d’Abitibi, Sébastien D’Astous

Un appel clair à la volonté politique
En 2023, les transferts gouvernementaux vers la région se situaient entre 893 M$ et 1,049 G$, selon les calculs de l’étude. En retour, l’Abitibi-Témiscamingue contribue chaque année pour des montants nettement supérieurs. Pour les élus, cette situation ne relève plus d’un simple déséquilibre financier, mais d’un problème d’équité territoriale.

Ils appellent le gouvernement à corriger ce sous-financement chronique qui mine la confiance des communautés et affaiblit leur capacité d’action. Ils réclament un rééquilibrage financier cohérent avec la promesse d’un Québec où chaque région peut contribuer pleinement — et recevoir à la hauteur de sa contribution.

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